(Septième partie, changement de perspective, l’autrice qui parle en son nom propre)
Celles et ceux qui ne veulent pas souscrire aux règles appliquées dans leur société ont la vie dure. Les valeurs morales auxquelles la majorité de la société souscrit sont sans merci. Ainsi on comprend que de nombreuses personnes préfèrent se conformer à l’image de Monsieur et Madame Toutlemonde, au lieu d’affronter les critiques et paroles humiliantes de leur entourage.
Ils et elles font tout leur possible pour correspondre à l’image type de leur groupe d’âge. L’effet de groupe est un phénomène connu, on en parle beaucoup en relation avec les adolescents qui se laissent entraîner à des comportements qui ne leur correspondent pas pour éviter de se faire moquer. Pourtant, l’effet de groupe fait tout autant de ravages dans les autres groupes d’âge. J’ai vécu ce phénomène de plein fouet en tant que spectatrice concernée.
J’avais près de cinquante ans lorsque l’informatique a commencé à prendre une certaine importance dans la vie quotidienne. Après les premières frayeurs face à l’inconnu, j’ai constaté que la simplicité à obtenir des informations par internet et la rapidité de transmission de messages par e-mail m’apportaient de grands avantages. Quel bel outil ! Certes, il fallait apprendre à s’en servir, mais comme j’avais aussi appris à manger avec une fourchette et un couteau et même à enrouler des spaghettis, il n’y avait pour moi aucune raison de ne pas y arriver. Je n’en croyais pas mes oreilles lorsque j’entendais les paroles de mes contemporains qui trouvaient que l’internet et les e-mails, ce n’était pas de leur âge.
Quelle idée de lier cela à l’âge ! Avec l’âge, notre corps s’use inévitablement, ce qui peut rendre les déplacements difficiles. N’est-ce pas une bénédiction de disposer d’outils qui permettent de rester confortablement chez soi au lieu de se déplacer à la bibliothèque pour chercher le moindre renseignement ? N’est-ce pas formidable de pouvoir échanger des documents avec d’autres personnes sans devoir les recopier sur papier, puis les envoyer par la Poste ? – Ces arguments n’ont jamais été cités pour encourager les quinquagénaires et même quadragénaires de l’époque à embrasser les nouvelles techniques. Bien au contraire, ils ont été mis un peu en retrait professionnellement, ont souvent été affectés à des tâches secondaires, bon nombre d’entre eux a pu bénéficier d’une retraite anticipée, le sentiment de ne pas être à la hauteur a largement été soutenu. N’étaient-ils pas à la hauteur ?
Comment est-ce alors possible que les quinquagénaires de l’an 2000, aujourd’hui des septuagénaires, utilisent tous un Smartphone ? Les Smartphones sont apparus bien plus tard qu’internet et que les e-mails, ces gens qui depuis ont encore pris de l’âge ont néanmoins pu apprendre à s’en servir.
Et les quadragénaires et quinquagénaires de l’an 2020 ? Sont-ils trop vieux pour utiliser les nouvelles technologies qui se sont beaucoup diversifiées au cours des derniers vingt ans ? Je n’ai pas l’impression d’entendre du « ce n’est pas de mon âge » de leur part. Bizarre, bizarre.
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